tanguy
Sur le constat de l'augmentation de la moyenne d'âge d'indépendance des fils ces dernières années, Etienne Chatilliez en fait un film. Une comédie plus précisément, un peu noire, un peu méchante, mais d'une belle facture et d'une rare efficacité. Il est vrai que la première partie du film traîne un peu, les parents (Sabine Azéma et André Dussolier, tous deux formidables) conspirant dans l'ombre avec un certain machiavélisme. Mais c'est surtout pour montrer à quel point Tanguy (Eric Berger), ce garçon si calme, optimiste, aimant ses parents à un tel point utopique, peut être horripilant. On partage assez rapidement la vision des géniteurs, d'un côté la mère à bout de nerfs et de l'autre le père un peu sarcastique. Puis vient la deuxième partie, démarrant avec le retour de Tanguy de son expérience seul en appartement. Une seconde partie beaucoup plus noire, plus sévère, une véritable crise de nerfs des parents qui pourrissent littéralement la vie de leur môme. Et qui nous arrache obligatoirement le sourire, voire le rire, pourtant réfréné pendant la première partie.
Tanguy est une petite comédie noire, sans message particulier, à la fois drôle et acide, qui fait pratiquement mouche à tous les coups. 4 films réussis en 14 ans, chapeau monsieur Chatilliez.
Ce soir, j'ai regardé Tanguy, du haut de mes bientôt 26 ans, installée confortablement dans mon canapé, entre papa, maman et le chien. C'était assez drôle comme situation. Evidemment, je n'ai pu m'empêcher de me dire que j'étais un peu comme Tanguy, en moins brillante et moins vieille mine de rien. D'ailleurs mon père m'appelle fréquemment Tanguy. Sauf que je doute que mes parents souhaitent vraiment me voir partir. Et si je pars, on m'a déjà bien fait comprendre qu'il faudrait pas que je sois trop loin. ;) C'est vrai que ça peut paraître étrange, une jeune fille qui traîne encore chez ses parents à mon âge. D'autant plus que le passage à 26 est fatidique. Fin de la carte 12/25 de la SNCF, fin des comptes jeunes dans les banques, fin des réductions en tout genre réservées aux - de 26 ans. Il paraîtrait que pour de bon, on serait des adultes. Qu'il faudrait qu'on s'assume. Alors pourquoi je suis encore là moua ? Si vous ne le savez pas, je vous l'explique. Dans la vie il faut faire des choix. Et j'en ai fait. Arrêt des études après mon bac, ce qui m'a fait perdre 2 ans d'études, passage de 2 licences différentes, ce qui me conduit à être toujours étudiante et seulement en deuxième année de licence. Choix au niveau emploi aussi. J'ai toujours visé mon épanouissement personnel, ne tenant jamais compte du salaire reçu. Du coup, j'ai occupé un nombre de postes impressionnants (une vingtaine je crois) et depuis 4 ans en parallèle avec mes études. Et à peu près autant de jobs mal payés. :D J'ai aussi fait beaucoup de bénévolat. A 14 ans, je passais mes après-midis à la SPA déjà :) Je ne regrette aucun de mes choix. Même si parfois mes parents ont désespéré de me voir faire tant de choses pour ne rien y gagner (en tout cas sur mon compte bancaire). Non, je ne regrette rien. D'abord parce que mes choix m'ont fait rencontré plein de gens un peu partout, et qu'ils m'ont tous enrichie d'une façon ou d'une autre (quoi que peu de mes expériences m'ont financièrement enrichie à vrai dire). Alors oui j'ai ramé, je rame et je pense ramer encore longtemps. Oui, j'ai plus de mal à m'assumer que quelqu'un qui se sera fixé sur une carrière ferme et rémunérative. Cependant, je me plainds pas. C'est pas toujours facile d'être revenue chez papa / maman. Mais cette année nous avons enfin retrouvé un équilibre et la cohabitation se passe bien. Ce n'est pas encore demain que je prendrai mon envol de toute façon donc il vaut mieux prendre notre mal en patience. Pas avant cet été en tout cas, mais ce pourrait aussi être beaucoup plus tard ^^ Actuellement je n'ai qu'un job à mi-temps payé au SMIC, donc la moitié d'un SMIC par mois c'est pas lourd. Parfois je m'arrange pour trouver des petits à-côtés, histoire d'arrondir les fins de mois. Malgré mon manque de rémunération réccurent depuis que je travaille (j'avais 17 ans pour mon premier job), j'ai réussi à mettre un peu d'argent de côté et je vais bientôt dire adieu (non sans une montagne de larmes) à celle qui m'accompagne depuis 1998, ma merveilleuse Super 5 rouge :D Ce sera une énorme page de tournée. Nous avons vécu tant d'aventures elle et moi sur les routes de France. Tout passe. On grandit. Puis on vieillit. Nos amis se marient. Les enfants pleuvent tout à coup autour de vous. Et là vous réalisez qu'il va falloir définitivement tirer un trait sur ces années jeunesse qui furent tout à la fois laides et merveilleuses. Alors oui, je prends de l'âge. Mais je ne deviens ni sage, ni raisonnable. Je n'ai pas envie d'être fixée. Je n'ai pas envie d'être dépendante de quoi que ce soit ou de qui que ce soit. J'ai envie d'être égoïste, comme le sont les enfants, pendant encore les trois siècles à venir. Et plus encore ! J'ai envie de m'amuser, de rire et de jouer. Aujourd'hui j'ai fait une partie de foot endiablée avec Kiwi. Ensuite on a joué à cache-cache. J'ai ri comme une gamine. C'était magnifique ! Je vais partir, c'est sûr. Mais je vais attendre que mon père, lui, soit à la maison pour toujours. La retraite, c'est la deuxième jeunesse de la vie ! Et comme ça Kiwi ne sera jamais seul. Je partirai sans me sentir coupable. Ils seront tous les deux pour aller à la pêche ou au bois. Et moi, je deviendrai citadine. Aigrie ! Vieille ! Et médisante. Et je jouerai plus à cache-cache avec mon chien. :P
C'est bô la vie non ?
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