amis pour la vie
Les bronzés 3
Amis pour la vie
Un an plus tard, retrouvailles du groupe d'amis à Val d'Isère. Tire-fesses, fartage et pistes verglacées.
Après le Club Med et le ski, ils n'ont cessé de se voir, de se perdre de vue, de se retrouver, de se reperdre, de se revoir pour des semaines de vacances volées à une vie civile assommante.
Depuis quelques années, ils se retrouvent chaque été, pour une semaine, au Prunus Resort, hôtel de luxe et de bord de mer, dont Popeye s'occupe plus ou moins bien en tant que gérant, et qui appartient à sa femme, Graziella Lespinasse, héritière d'une des plus grosses fortunes italiennes.
Que sont devenus les Bronzés 27 ans après ? Réponse hâtive : les mêmes, en pire.
Pas encore de répliques cultes bien qu'il y ait un fort potentiel en la matière et de nombreux dialogues savoureux dans ce nouvel opus vu aujourd'hui même.
Comme beaucoup j'ai hésité à aller le voir. Les deux premiers films sont devenus tellement mythiques, ce sont des monuments français au même titre que la Tour Eiffel ou la pyramide du Louvre, à connaître absolument de la France bien que difficilement accessibles aujourd'hui à ceux qui s'y intéresseraient seulement maintenant tant il est parfois inexpliquable que certaines phrases d'un banal absolu soient devenues à ce point des répliques cultes. Bref j'hésitais car j'avais peur d'être déçue mais en même temps j'en avais envie et je n'ai pas de regret. Un scénario aussi vide que les deux précédents films mais un film sympa si on oublie les à-côtés (budget monstrueux dû aux salaires des acteurs, copinage Clavier / Sarko etc.). Des dialogues souvent drôles. On est loin du ratage redouté. Reste qu'il faudra du temps sans doute pour que celui-ci devienne aussi mythique que les deux autres et fasse carton plein pendant 27 ans de rediffusion télé comme c'est le cas actuel des Bronzés 1 et 2. Deux articles pour vous auxquels s'ajoutent quelques images. Un premier article critique de Télérama qui reflète mon point de vue. Le deuxième n'est pas une critique du film, et pour cause ! Mais je vous laisse la surprise.
Vingt-cinq ans après, ils
sont plus moches, plus gros et presque aussi drôles.
On a tous vieilli, on a
tous grossi, on est tous un peu aigris. On essaye de le cacher. Pas eux.
Surprise : la mégacomédie commerciale de l'hiver, lancée dans une
avalanche médiatique propre à ensevelir le cinéma tout entier, est un festival
de doubles mentons et de bides flasques, un best of de gros plans
désavantageux, une orgie de corps mutants et ingrats – les seins XXL de
Marie-Anne Chazel, déjà devinés dans la bande-annonce, mais aussi le sourire
chirurgical de Dominique Lavanant ou la plastique post-muscu de Michel Blanc,
aperçu nu aspergé de jus de pruneau. Tous pourraient sortir de l'univers trash
des films de John Waters (ou de Russ Meyer, évidemment).
Le mental va avec le physique. Les Bronzés étaient des beaufs nous tendant un
miroir plus ou moins déformant. Ils sont devenus d'irrécupérables affreux,
sales et méchants. Balasko-Jugnot en couple Bidochon mufle et radin ;
Chazel en gourde surpoitraillée ; Lhermitte et Clavier en losers
pathétiques, lâches (les deux) et bouffi (le second). Seul Blanc, alias
Jean-Claude Dus, le minus toujours au bord de « conclure », est celui
qui a réussi : aux « States », avec un concept de
perruques-minute, adaptées à chaque instant de la journée. Atrocement ringardes
et, croyez-moi, ça se voit à l'écran.
Aux prises avec une impossible équation, revenir, vingt-cinq ans plus tard,
avec la suite de leurs deux films « légendaires », les membres de feu
la bande du Splendid ont chargé la barque. Désormais notables du cinéma
français, ils ont pris le parti malin de se moquer violemment d'eux-mêmes,
quelque part entre je-m'en-foutisme mercantile (pas une scène, d'ailleurs, où
il ne soit pas question d'argent) et esthétique de la laideur. Le jeu de
massacre rappelle la comédie italienne d'antan, la palme du nouveau monstre revenant
peut-être à Jugnot, victime d'une syncope homophobe et condamné à bafouiller
ses répliques pendant les deux tiers de l'aventure.
Cela ne fait pas tout à fait un film, bien sûr – pas plus, pas moins que ne
l'étaient les opus 1 et 2, collages de sketches savoureux. Il s'agit à nouveau
d'une intrigue a minima – les Bronzés en Sardaigne, dans un lieu de vacances
trop huppé pour eux –, avec entrelacs de coucheries diverses et de ridicules
également partagés. C'est poussif, souvent (notamment au début et vers la fin),
et si volontairement vulgaire qu'il arrive de ne plus distinguer premier et
second degrés. Mais c'est tout de même la sarabande habile de cabots émérites,
filmée avec une cruauté complice par Patrice Leconte. Ceux-là font tellement
partie de notre imaginaire (pas le plus avouable, mais pas le moins présent)
que se confondent à l'écran ce qu'on sait d'eux, leurs (pseudo-) personnages et
la somme de toutes leurs prestations passées. On peut dire que ce n'est pas
jojo, mais taire qu'on a ri, ce serait être aussi goujat qu'eux.
Film français (1h35). Réalisation : Patrice
Leconte. Scénario : Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian
Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte. Avec : J. Balasko (Nathalie),
M. Blanc (Jean-Claude, dit Jessie), M.-A. Chazel (Gigi), Chr. Clavier (Jérôme),
G. Jugnot (Bernard), T. Lhermitte (Robert, dit Popeye).
Aurélien Ferenczi
Le service cinéma de Libération a été
exclu des projections de presse des Bronzés 3. C'est déplorable, mais
que l'on se rassure : nous ne nous sommes pas sentis horriblement frustrés.
L'incident est cependant intéressant, même s'il n'est pas neuf. Régulièrement,
en effet, un attaché de presse dépressif, un cinéaste froissé, un producteur
ombrageux, un distributeur rancunier font savoir à Libération que la présence
de ses journalistes critiques est indésirable aux projections de presse de tel
ou tel film. Cette «indésirabilité» est souvent réciproque et c'est pourquoi
elle ne nous touche que très peu sur le plan sentimental : il y a des outrages
plus féroces que celui de n'être pas invité à la projo de Taxi 3, par
exemple.
Sur le fond du procédé, pourquoi ne pas reconnaître qu'il y a dans cette
mise sur liste noire quelque chose qui honore ce journal ? Lorsqu'en effet
l'attaché de presse des Bronzés 3 déclare : «Je n'ai invité ni Libération
ni les Inrockuptibles ni Télérama parce que je tiens à sortir
propre», comment ne pas y lire l'hommage maladroit mais touchant du
marketing à notre indépendance ? «Sortir propre» est bien trouvé. On
dirait du Freud de caserne : un lapsus d'adjudant coincé au stade anal et pour
lequel une «sortie propre» est une sortie sans fausse note, sans le coin-coin
moqueur du vilain canard que Libération aura toujours la fierté
d'incarner. On est tout à fait désolés, en revanche, de la violente humiliation
faite à tous les autres, tous les confrères bien nettoyés de partout que cette
liste très exclusive dénonce en creux, c'est-à-dire tous ceux qui ont été
invités sans problème à la projection de presse des Bronzés 3 parce
qu'ils ne risquaient pas de «salir» la prestigieuse production.
Si on peut en comprendre les ressorts psychologiques, le refus
discriminatoire d'un critique ou d'un journal à une projection est par principe
indéfendable. On pourrait facilement y trouver un prétexte pour se draper dans
une morale reflex : la privation du droit de projo est une entrave à l'exercice
professionnel en même temps qu'une entorse à la liberté critique ! On pourrait
même s'interroger à bon droit sur la vision fort peu démocratique des médias et
de la diversité des expressions nécessaire à une société que les brimades de ce
genre dessinent en sous-main. Mais ce serait là encore faire beaucoup de cas
d'un problème qui appartient finalement davantage aux censeurs qu'aux censurés.
Car franchement, on ne voit pas bien quel risque nous pourrions faire courir
aux acteurs-auteurs-producteurs de cette superproduction comique qui a coûté 35
millions d'euros, occupe les premiers rangs de la promo depuis des mois et sort
aujourd'hui dans 950 salles sur le territoire français un record pour la
production hexagonale. C'est la paranoïa plus que la raison qui, en l'espèce,
semble nous accorder un bien grand pouvoir de nuisance... D'autant que, ma foi,
les pitreries du Splendid, de Père Noël en Papy fait de la résistance
(sans doute leur meilleur film de troupe) n'ont pas toujours déplu, loin de
là, aux rédacteurs de ces colonnes.
La décision de barrer la route des projections aux importuns répand un parfum désagréable sur le sextet Balasko, Blanc, Jugnot, Lhermite, Chazel, Clavier. Ce sont eux qui, aujourd'hui, semblent faire de la résistance : on dirait les tenants d'un cinéma à l'ancienne, d'une sorte de comique français blanc et phobique. Elle jette aussi un éclairage cru sur l'avidité marketing des Bronzés 3 , mettant en relief le manque terrible de sincérité de toute l'opération. Ainsi que, plus grave peut-être, son manque total d'humour.
Ces six-là sont connus, archi-connus. On les a vus et revus dans tellement de films. Ce sont des poids-lourds du cinéma français. Et leur début au Splendid et avec les Bronzés notamment n'est pas pour rien dans leur notoriété actuelle.
Reprenons un par un avec petits rappels biographiques et photos avant / après.
* Josiane Balasko :
Réalisatrice, Scénariste, Auteur, Actrice, Costumière, Dialoguiste française
Née
le 15 Avril 1950
à Paris
A tourné dans une soixantaine de longs métrages.
A réalisé six longs métrages.
A été scénariste de 14 longs métrages, dialoguiste de 3 et costumière de 2.
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2004 Nomination Meilleure actrice pour Cette Femme-là |
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1996 Meilleur scénario original ou adaptation pour Gazon maudit |
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Nomination Meilleur réalisateur pour Gazon maudit |
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1994 Nomination Meilleure actrice pour Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes |
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1990 Nomination Meilleure actrice pour Trop belle pour toi |
* Michel Blanc :
Acteur et réalisateur français
Né à Courbevoie le 16 avril 1952
A tourné dans une soixantaine de longs métrages.
A réalisé 4 longs métrages.
A été scénariste de 11 longs métrages et dialoguiste de 4.
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2003 Nomination Meilleur scénario original ou adaptation pour Embrassez qui vous voudrez |
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1995 Nomination Meilleur scénario original ou adaptation pour Grosse fatigue |
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1990 Nomination Meilleur acteur pour Monsieur Hire |
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1987 Nomination Meilleur acteur pour Tenue de soirée |
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1985 Nomination Meilleur premier film pour Marche à l'ombre |
* Christian Clavier :
Scénariste, Producteur, Producteur exécutif, Acteur, Dialoguiste, Producteur associé français
Né
le 6 Mai 1952
à Paris
A tourné dans une quarantaine de longs métrages.
A été scénariste de 16 longs métrages, producteur de 4 et dialoguiste de 1.
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1994 Nomination Meilleur acteur pour Les Visiteurs |
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Nomination Meilleur scénario original ou adaptation pour Les Visiteurs |
* Marie-Anne Chazel :
Réalisatrice, Scénariste, Actrice, Dialoguiste française
Née
le 19 Septembre 1952
à Gap, Hautes-Alpes
A tourné dans une trentaine de longs métrages.
A réalisé un long métrage.
A été scénariste de 7 longs métrages et dialoguiste de 1.
* Gérard Jugnot :
Réalisateur, Scénariste, Producteur, Acteur, Producteur associé français
Né
le 4 Mai 1951
à Paris
A tourné dans près de 80 longs métrages.
A réalisé 9 longs métrages.
A été scénariste de 15 longs métrages et producteur de 3.
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2005 Nomination Meilleur acteur pour Les Choristes |
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1998 Nomination Meilleur acteur dans un second rôle pour Marthe |
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1992 Nomination Meilleur acteur pour Une Epoque formidable... |
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1988 Nomination Meilleur acteur pour Tandem |
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2004 Nomination Meilleur Acteur pour Les Choristes |
* Thierry Lhermitte :
Réalisateur, Scénariste, Producteur, Acteur, Producteur associé, Dialoguiste français
Né
le 24 Novembre 1952
à Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine
A tourné dans plus de 100 longs métrages !
A réalisé 1 long métrage.
A été scénariste de 10 longs métrages, dialoguiste de 1 et producteur de 9.
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1981 Prix Jean Gabin |