good bye lenin
A ne pas louper ce soir sur Arte :
Le Mur est tombé en une nuit, et aussitôt les Allemands ex-de l'Est ont entonné « Good bye Lenin... » Pas la camarade Christiane Kerner, militante émérite, qui, elle, était alors dans le coma. Quand elle a rouvert les yeux, huit mois plus tard, il ne restait rien de sa chère « patrie socialiste ». Problème : le moindre choc émotionnel pouvant être fatal à la convalescente, son fils va devoir lui cacher la vérité. Comment ? En recréant l'ancien monde, ni plus ni moins. C'est la clé de cette comédie douce-amère, et beaucoup mieux qu'un simple « truc » scénaristique. En une cascade de péripéties, la satire pointilliste d'un système totalitaire ossifié jusqu'au ridicule fait contrepoids aux désillusions nées du trop brutal basculement collectif des « Ossis » dans l'inconnu. Reconstruire la société est-allemande à l'identique, c'est aussi simple et aussi compliqué, donc aussi drôle, que de partir en chasse d'une marque de cornichons disparue des supermarchés de la nouvelle Allemagne. Mais, entre deux gags, le réalisateur insuffle une émotion contenue, une forme de mélancolie, qui est cette « ostalgie » de certains Allemands de l'Est moins pour la vie d'avant, si triste et sans horizon, que pour tous ces repères disparus où s'accrochent les restes d'une identité perdue. Ce « petit film » écrit par un scénariste débutant et réalisé par un metteur en scène de modeste réputation a connu un triomphe sans égal. Pour une fois, l'intelligence a payé...
Jean-Claude Loiseau - Télérama